Rivières Sauvages : des critères en vue d’un label

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Un bel article d’Hélène Luczyszyn en page 12 de la revue Mountain Wilderness sur les critères faisant d’une rivière une rivière sauvage, que nous retranscrivons ici :

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 » Il y a deux ans est né le « Fonds pour la Conservation des Rivières Sauvages », organe moteur d’une démarche ambitieuse visant à améliorer la reconnaissance et la protection des dernières rivières « sauvages » de France. WWF France et SOS Loire Vivante ont rassemblé les énergies d’acteurs divers – associations (dont Mountain Wilderness), scientifiques, acteurs de la gestion locale de rivières et institutionnels… – autour de ce beau projet. Le Fonds s’est aussi donné mission de favoriser l’émergence d’un réseau européen de rivières sauvages en lien étroit avec les acteurs de la société.
Après le colloque fondateur d’Annecy (mai 2011, voir l’article de la Revue MW n°87) qui a confirmé l’intérêt national et européen de la démarche, deux commissions techniques ouvertes se sont mises au travail :
la première sur la définition des critères de « valeur sauvage » pour une rivière et l’autre sur le processus de labellisation visé.
En octobre 2011, un premier séminaire a rassemblé une trentaine de passionnés de rivières venus de toute la France pour poser les bases de la labellisation, en interrogeant notamment le ressenti de chacun : « pour vous, c’est quoi une rivière sauvage ? ». C’est ainsi qu’ont été identifiés 4 compartiments à évaluer :
1. La qualité physique de la rivière : naturalité de son lit, de ses rives et de sa dynamique, présence d’aménagements (barrages, digues…) ;
2. L’occupation des sols et les activités du fond de vallée : présence ou non d’activités impactantes (infrastructures, zones urbanisées, agriculture intensive…) ;
3. La valeur paysagère[1] et la fréquentation humaine, tant par ses aspects positifs (intérêt du grand public pour la rivière) que par ses aspects négatifs (surfréquentation);
4. La qualité de l’eau et la biodiversité : les espèces présentes, animales et végétales, réagissant aussi, bien sûr, aux facteurs des trois compartiments précédents.
En 2012, les membres de la commission « valeur sauvage » se sont de nouveau réunis à trois reprises avec comme objectif de bâtir une grille d’évaluation précise et scientifiquement robuste, détaillant l’ensemble des critères[2] d’évaluation et les modalités d’attribution d’une « note de wilderness » à chaque rivière candidate. Ainsi, des seuils de passage entre trois classes pour chaque critère ont été définis, de la rivière totalement naturelle (qui ne semble plus exister en France) à une rivière présentant une altération ponctuelle voire plus marquée du critère.
La grille est à ce jour en cours de test sur les premières rivières candidates (Valserine dans le Jura, Chéran dans les Alpes du Nord, Vis dans le Massif Central, Léguer en Bretagne…) et doit faire l’objet de dernières validations au sein du Fonds d’ici fin 2012 :
Peut-on labelliser « Rivière sauvage » une rivière avec un barrage (même si l’impact de celui-ci aura été démontré très faible), une rivière très fréquentée ?
Le but est-il de pousser vers l’excellence des rivières qui n’ont pour l’instant qu’un « potentiel de rivière sauvage »[3] ? …
Autant de questions passionnantes auxquelles répondre de manière consensuelle est loin d’être évident. Une démarche à suivre donc, et dont on espère qu’elle réussira à préserver efficacement les dernières rivières naturelles.  »

Hélène Luczyszyn

1. Cette valeur subjective a néanmoins du mal à trouver sa place dans la grille de critères choisis qui se veut bâtie sur une certaine objectivité scientifique.
2. Une trentaine a été retenue au final.
3. Et que la labellisation à un premier niveau (« peut mieux faire/doit restaurer… ») permettrait de motiver pour traiter ses derniers « points noirs ».