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Le Travu, de sa source à l’estuaire

labellisé en septembre 2018

Le Travu et son territoire

Le fleuve du Travu se situe sur la côte orientale de la Corse, à cheval sur les départements de la Haute-Corse et de la Corse du Sud. Cours d’eau principal du bassin versant avec une longueur de 32,5 kilomètres, il prend sa source au pied du massif de l’Alcudina (2136 mètres), sur le mythique plateau du Cuscionu. Le fleuve subit un étiage estival prononcé avec une importante diminution de son débit et devient tumultueux lors de période de pluie intense qui entraine la formation de crues. Au milieu d’une dense ripisylve, il divague librement et sera rejoint par de nombreux affluents, pour atteindre un débit moyen de 2,6 m3/s, avant de finir sa course dans la mer Tyrrhénienne

Son bassin versant d’une superficie de 128 km² s’étend sur cinq communes : Chisà, Cozzano et Zicavo qui occupe la haute vallée et Ventiseri et Solaro en basse vallée.

Le fleuve coule au cœur d’une vallée préservée, majoritairement occupée par des zones naturelles de maquis et de forêts qui représentent 95% du bassin versant. Les 5% restants sont occupés par des terres agricoles et artificialisées.

Ce territoire est prisé par les amoureux de la nature qui viennent y chercher des paysages authentiques au milieu desquels coule de l’eau au couleur verdoyante, reflet de la végétation luxuriante qui l’entoure. Les nombreuses vasques granitiques qui composent le cours d’eau attirent de nombreux touristes qui y trouvent des panoramas féériques ancrés à jamais dans leur mémoire.

Le caractère sauvage de la rivière

Une très grande diversité de faciès constitue le bassin versant du Travu. Dans la partie amont, le fleuve s’écoule dans une vallée très encaissée de type torrentiel dans laquelle on retrouve de nombreuses parois rocheuses pentues, des seuils naturels avec des zones de marmites et de cascades. Dans la basse vallée, le lit s’élargit jusqu’à l’embouchure.

L’attachement de la population a « son » fleuve se traduit par une préservation des lieux, mis en évidence par de nombreux critères :
– Un faible linéaire des berges stabilisées sur l’ensemble du cours d’eau
– Aucun linéaire endigué, ni impacté par des ouvrages hydrauliques, aucun tronçon du cours d’eau court-circuité.
– Un fonctionnement hydraulique naturel.
– Une ripisylve en bon état et assez dense. Aucun entretien n’est effectué.
– Aucune interruption de la continuité piscicole induite par l’activité humaine.
– Une bonne, voire très bonne qualité de l’eau selon les indicateurs utilisés.
– Une occupation du sol du bassin versant peu impactante, principalement constituée de forêts et de milieux semi-naturels (95%), et seulement 5% constituée de terres agricoles (2,7%) et de zones artificialisés (2,3%).
– Une agriculture de type extensive.
– Une biodiversité riche avec la présence d’espèces emblématiques : truite macrostigma, anguille, etc.
– Des portions du bassin versant disposant d’un statut de reconnaissance de l’intérêt et de la qualité du milieu naturel : PNR (79% du bassin versant), Natura 2000, ZICO, ZNIEFF.
– Des portions du bassin versant disposant d’outils de gestion et de protection : arrêtés de protection de biotope.

Ces caractéristiques exceptionnelles lui ont valu la labellisation au plus haut niveau : le 3e et dernier avec une note de 95,75 sur 100.

Un programme d’actions tourné vers la préservation et la sensibilisation

Le programme d’actions est issu de nombreuses rencontres et réunions de concertations avec l’ensemble des acteurs compétents et élus locaux, ce qui a permis d’établir un document au plus proche des besoins et attentes du territoire. Il est constitué de 23 actions répartit en six volets : études, travaux, animation, communication, suivi et audit.

Les volets les plus importants sont représentés par des études environnementales et de la communication.

Le volet « études » se traduit par sept actions : étude sur la capacité de charge du milieu, sur la valeur économique du cours d’eau, sur le suivi des invertébrés benthiques, sur la définition d’une stratégie foncière, réalisation du plan de gestion pour la reconquête de la basse vallée, étude sur la toponymie de la vallée et réflexion sur des outils de gestion du bassin versant.

L’étude sur la capacité de charge du milieu a pour objectif de gérer l’importante fréquentation estivale afin qu’elle n’impacte pas l’écosystème. Elle permettra de définir la fréquentation maximale que le fleuve peut tolérer sans qu’il ne subisse de dégradations. Celle-ci prendra en compte de nombreux indicateurs tels que les paramètres biologiques (faune, flore) les paramètres physico-chimiques, les impacts visuels (crème solaire sur l’eau, déchets, etc.) et sonores ou encore l’acceptabilité locale.

Le volet « travaux » se rapporte à la mise en œuvre des préconisations du plan de gestion de la basse vallée du Travu, l’aménagement de zones de stationnements pour limiter l’accès au cours d’eau, et le rempoissonnent de truites ancestrales corse sur les têtes de bassin.

Un vaste plan de communication a été définit à travers la réalisation de plaquettes d’information, d’un film de sensibilisation ou encore la mise en place d’un outil pédagogique à vocation du grand public et des scolaires.

Le volet « suivi » permettra de mettre en œuvre une politique de sensibilisation à l’échelle du linéaire accessible du fleuve à travers le recrutement d’écogardes. Il a également pour but le suivi de l’évolution du milieu grâce à différents indicateurs tel que les paramètres piscicoles, de température ou encore une évaluation de l’impact de la labellisation.

Vidéos

U TRAVU – RIVIÈRE SAUVAGE

Présenté par le Parc naturel régional de Corse

Chanson sur le Travu

Ind’è mè

Ind’è mè o tamantu tisoru
U mo fiumi, biddezza in libertà
Vali più ch’è s’eddu era oru
Eiu mi campu à andà ci à piscà
Tuttu intornu ci s’appuppa la vita
In tanti ghjàrgali cantarini
A machja muscata è culurita
A si sciala à u frescu d’i vadini

L’aghju vista, ci s’arreghji la luna
À ciuttà si à l’onda d’u ponti
Accarezza i pesci una à una
È pianu si pesa par li monti

Ind’è mè l’Alcùdina hè vardiana
Quandu soffia u Ventu Supranu
À i casuchji in a vanga suttana
Para a furia di issu ventu tarcanu
Ghjè edda chì poni a sumenti
Ochji lindi cusì bè avvirsati
Chì màndanu in li ripali argenti
Li so acqui chjari è rinfriscati

Ind’è mè, u paesi hè à vicinu
Abbisogna tantu a so ricchezza
È, quantu è à l’Altari u vinu,
Ghjè u so sangui, a so salvezza
Fiumi à l’acqua ghjucarina
Risi è canti in li so spondi à sulana
Anu annannatu a zitiddina
Di tutta a mimoria paisana

Par chez moi

Par chez moi est un si grand trésor
Ma rivière, beauté en liberté.
Elle vaut plus que si c’était de l’or
Mon bonheur est d’aller y pêcher.
Tout l’alentour est source de vie
Dans le gazouillis des ruisseaux.
Le maquis parfumé et fleuri
S’épanouit dans la fraicheur des cours d’eau

J’ai vu s’y arrêter la Lune
Pour se baigner dans l’onde du pont
Elle caresse les truites une à une
Et doucement s’envole par les monts

Par chez moi l’Alcudina veille,
Quand souffle le vent dominant,
Sur les maisons du fond de la vallée.
Elle les protège de sa terrible furie
C’est elle qui sème délicatement
Des sources si bien orientées
Qu’elles dépêchent dans les pentes argentées
Leurs eaux claires et si rafraichissantes

Par chez moi, le village est tout près
Tant il a besoin de sa richesse
Et, comme pour le vin de l’Autel,
Il est son sang et son salut.
Rivière où coule la gaité
Rires et chants sur ses berges ensoleillées
Ont bercé leur enfance,
Gravant la mémoire de tous les villageois