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L’Artikutza, une rivière redevenue sauvage !

 Aujourd’hui réserve naturelle au bénéfice de l’alimentation en eau potable.

Le bassin versant

La Finca de Artikutza est une réserve naturelle de 3638 ha, située en Gipuzkoa, l’une des trois provinces de la communauté autonome du Pays Basque, dans le Nord de l’Espagne. Cette vallée montagneuse dont 90% de la superficie est caractérisée par des pentes de 35%, reçoit la pluviométrie la plus importante de toute la péninsule ibérique. 90% de sa surface est couverte de forêt naturelle et de plantations de conifères. L’ensemble des cours d’eau qui la drainent constituent aujourd’hui une réelle référence d’hydrosystème en bonne santé. Le riche patrimoine écologique et hydrologique de cette réserve forestière est le fruit d’une gestion conservatrice menée par la mairie de San Sébastian, propriétaire de la Finca depuis un siècle. Mais il n’en a pas toujours été  ainsi…

Une occupation humaine ancienne

Au XIIIe siècle, la forêt était la propriété des moines de Ronceveaux, qui exploitaient le charbon, le minerai et y faisait paître leur bétail. Les moines percevaient également le loyer du domaine, affermé aux habitants du village. Des bornes, marquées de la célèbre crosse de la collégiale Sainte-Marie de Ronceveaux, sont encore visibles sur le domaine et contribuent au riche patrimoine historique de la région.

L’approvisionnement en eau fourni par les cours d’eau fut très vite bouleversé par l’intensification de l’exploitation du minerai, principalement du fer, au cours du XIXe siècle. Des tonnes de bois viennent alimenter les forges, ou servent à la production intensive de charbon. Les sols nus se ravinent, et polluent l’eau des sources.  Devant l’ampleur du désastre et pour des raisons de santé publique, la mairie de San Sebastian achète l’ensemble du domaine en 1919.

Visite du bassin de l’Artikutza avec le Dr Arturo Elosegi

Un des 7 ouvrages rendus transparents depuis 2014

Caractère sauvage retrouvé de la rivière

Après avoir mené une politique de reboisement d’essences autochtones, et réduit les activités pastorales, forestières et extractrices à leur minimum, la mairie de San Sebastian décide de placer la zone en réserve.

La gestion conservatrice poursuivie jusqu’à aujourd’hui a engendré une épuration naturelle des cours d’eau de la Finca, qui alimentent aujourd’hui toute la vallée de l’Oiartzun en eau potable, en économisant de lourds coûts de traitement. L’absence d’intervention humaine dans la gestion du bois mort a permis une reconquête du caractère sauvage de la forêt et une meilleure fonctionnalité des cours d’eau du bassin versant. Par ailleurs, la majorité des seuils en travers des cours d’eau ont été enlevés en 2014.

La zone, entièrement classée Natura 2000, abrite de nombreuses espèces remarquables telles que l’endémique et menacé Desman des Pyrénées.

Les populations d’oiseaux y sont florissantes, et celles amphibiens s’y portent bien. La truite fario reste la principale espèce remarquable de ces cours d’eau, les migrateurs tels que le saumon ou l’anguille n’ayant pas encore reconquis ces zones, du fait d’un barrage infranchissable, en aval de la réserve.

Depuis 2014, 7 obstacles à la continuité écologique ont été rendus transparents. Le dernier grand barrage sera effacé en 2018, une étude sur l’impact de ce démantèlement est prévue dans le cadre d’une thèse universitaire. La vidange partielle a déjà été effectuée afin de stabiliser les dépôts en amont.

Actions réalisées et prévues dans le cadre du programme rivières sauvages

L’ensemble du chevelu hydrologique de la Finca de Artikutza pourrait contituer un candidat potentiel à la future labellisation européenne.

Le test de la grille de critères est d’ores et déjà en cours sur ce site pilote de référence, sous l’impulsion du Dr Arturo Elosegi, de l’université de Bilbao, et la brigade Biodiversité et Qualité environnementale de la mairie de San Sebastian.

Prochaines étapes :

  • Informations des autorités sur la construction du label européen.
  • Echanges avec les gestionnaires sur l’intérêt du label pour la reconnaissance du territoire préservé.
  • Visite dans le cadre du réseau des sites labellisés.